Il y a un siècle, Glenn Curtiss était « l'homme le plus rapide du monde »

Aug 31, 2023

Avant de changer pour toujours l’aviation, le casse-cou a établi un record de vitesse sans précédent sur terre.

Elana Scherr

Le Curtiss V-8 de 1907 semble aller vite. Cela suggère une vie de vitesse élevée, comme si le vent lui-même avait reculé la fourche, balayé son guidon comme des banderoles, voire même lissé et allongé son cadre. D'autres motos de l'époque, comme les premières Harley-Davidson et Triumph, ressemblent davantage à des vélos, avec un guidon droit et décontracté, des peintures émaillées gaies et des moteurs compacts offrant une puissance à un chiffre. Le Curtiss, en revanche, a l'air vicieux : noir satiné, oreilles en arrière, avec huit cylindres à ailettes développant 40 chevaux, un gros chien prêt à mordre.

L'ingénieur et pilote Glenn Curtiss n'a pas été intimidé par la machine qu'il avait conçue lorsqu'il a jeté une jambe dessus et s'est lancé à toute allure sur le sable dur d'Ormond Beach, en Floride, en janvier 1907. Mais Curtiss n'était pas du tout intimidé par la machine qu'il avait conçue. intimidé par beaucoup. À 28 ans, il était déjà surnommé dans les journaux « le Hell-Rider » pour ses mouvements agressifs sur la piste. Cependant, sur deux roues, Curtiss était un homme calme et même prudent qui considérait la course avant tout comme un moyen de prouver la valeur de ses conceptions de moteurs. Il avait commencé à fabriquer ses propres motos en 1902 et avait établi son premier record de vitesse l'année suivante. Mais ses moteurs légers et puissants attirèrent bientôt l’attention des premiers aviateurs, et Curtiss finira par se faire connaître pour son travail de pilote et de concepteur d’avions. Début 1907, il commence à personnaliser ses moteurs en vue du vol. Le gros V-8 de sa moto a été initialement construit pour un client de dirigeable, mais Curtiss et son équipe n'ont pas pu résister à l'occasion de le faire fonctionner au sol.

Les officiels du Florida Speed ​​Carnival, la compétition de vitesse terrestre où Curtiss a proposé pour la première fois de tester son monstre à huit cylindres, étaient moins enthousiasmés par l'expérience et ont disqualifié la machine surdimensionnée et sur-motorisée comme trop puissante pour fonctionner dans l'un des cours officiels. Après la fin du carnaval officiel, Curtiss et son équipe ont été autorisés à installer le vélo V-8 pour une course d'exposition, avec un départ de trois kilomètres afin qu'il puisse se mettre au courant. Officiel, officieux – rien de tout cela n'avait d'importance pour Curtiss. Il voulait simplement savoir ce que sa machine pouvait faire.

Ce que cela a fait, a-t-il découvert, c'est transformer le paysage en coups de pinceau dans sa vision alors qu'il passait, la foule en une tache sombre sur le sable gris, laissée à des kilomètres derrière en quelques secondes seulement. Penché sur les chars, Curtiss a parcouru son kilomètre chronométré en un peu plus de 26 secondes, atteignant une vitesse de 136 milles à l'heure avant de lâcher prise et d'engager les freins. Il lui fallut encore un kilomètre pour arrêter la moto.

Les règles acceptées de l'époque exigeaient un retour pour se qualifier pour un record. Ici, la bête de Curtiss l'a finalement mordu. Sous la pression d'une telle vitesse, le joint en U qui reliait l'arbre de transmission à la roue s'est cassé, déformant partiellement le cadre et manquant de peu les morceaux de son pilote alors que les pièces cassées fouettaient près des pieds de Curtiss. Il est indemne, mais la course semble avoir assouvi son désir d'aventure terrestre. "Conduire une moto à huit cylindres ne deviendra probablement pas très populaire", a déclaré Curtiss par la suite, avec un euphémisme caractéristique. Curtiss a peut-être été décontracté à propos de cette expérience, mais sa vitesse incroyable a fait la une des journaux, ce qui lui a valu le titre médiatique de « l'homme le plus rapide du monde ». C’était vrai : à l’époque, aucun train, voiture, vélo ou avion n’avait atteint une telle vitesse. Son record de deux-roues lui a presque survécu, jusqu'en 1930, année de sa mort à 52 ans.

Les prochaines aventures de Curtiss le mèneraient dans le ciel. En tant qu'ingénieur puis pilote, il a apporté des contributions en matière de conception et de technique qui ont contribué à établir la place de l'avion dans un usage commercial et militaire. Ce n'est pas une coïncidence si Curtiss et les frères Wright ont commencé sur deux roues et se sont dirigés vers les cieux. Le début des années 1900 a vu la fusion de l’imagination humaine et du développement mécanique qui nous a donné une nouvelle vitesse, sur terre et dans les airs. Curtiss et les frères Wright « ont grandi dans le même monde d'émerveillement grâce à la technologie », explique Jeremy Kinney, conservateur principal de la récente exposition « Nation of Speed ​​» du National Air and Space Museum. L’aviation américaine, dit Kinney, « tout revient à ce moteur V8 sur la moto ».